Des épouses du Christ déguisées : travestissement, mystique et imitatio Madonnae au Moyen Âge
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Universidad de Salamanca
info
ISSN: 2102-7188, 2109-9472
Año de publicación: 2023
Tipo: Artículo
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Resumen
Entre le xie et le xive siècle, le motif oriental de la «sainte travestie» se diffuse dans les compilations hagiographiques essentiellement françaises, espagnoles et italiennes, qui nourrissent le développement et la pérennité de l’iconographie de ces saintes. On peut les répartir en deux groupes : le premier se compose d’anciennes prostituées (comme Pélagie aux ive–ve siècles) et de femmes mariées qui se déguisent pour échapper à leur époux (comme Théodora d’Alexandrie au ve siècle), et le second, de femmes vierges. Ce dernier, objet de cet article, est donc constitué de femmes appelées monachoparthenoi qui recourent au déguisement pour éviter un mariage non désiré ou un prétendant insistant ; on y trouve les saintes Euphrosyne, Marine le Moine, Marguerite Pélagienne et Eugénie. Ces jeunes femmes fuient leur maison et se cachent dans des monastères déguisées en hommes. Leur identité n’est finalement découverte qu’après leur mort, lorsque leur corps est préparé pour leurs obsèques.Les chercheurs développèrent des interprétations littéraires, psychologiques, socio-religieuses, théologiques et intertextuelles au sujet de ce matériau commun à l’Orient et à l’Occident. Parmi ces interprétations, on peut citer celle de John Anson qui considère que ces vitae ont été écrites « par des moines pour des moines », et qu’elles ne rendent pas compte des réels comportements féminins. Selon Évelyne Patlagean, le phénomène du travestissement puise son origine dans les pratiques du christianisme de l’Antiquité tardive, tandis que Marie Delcourt l’explique d’un point de vue psychologique comme une rupture avec l’existence antérieure, motivée par l’hostilité que la sainte ressent envers sa famille. Le présent article puise son origine dans les lectures antérieures qui affirment que les représentations textuelles des saintes travesties, surtout d’origine française, soulignent leur féminité car elles intègrent des topoi hagiographiques – exposés dans la partie introductive ou finale des vitae – spécifiques aux vies des mystiques, et qu’elles imitent les modèles de piété mariale, caractéristiques des Haut et Bas Moyen Âge.