L'interprète et médiateur militaire : importance et défis culturels.
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Universidad de Salamanca
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Year of publication: 2024
Type: Conference paper
Abstract
La traduction, l'interprétation et la médiation, bien qu'étant des disciplines distinctes, sont jumelées parleur constante intersection. En effet, et en accord avec la perspective adoptée par le CERCL1, latraduction et l’interprétation sont des activités langagières de la médiation. En outre, le fait que cesstratégies dépassent de nos jours la simple reformulation d'idées ne devrait pas surprendre ; la maîtrisede la langue et la formation académique ne suffisent pas, il est également nécessaire de disposer d'uneconnaissance du champ thématique et contextuel.Premièrement, il est évident que ces activités peuvent être accomplies dans différents scénarios,conditionnant ainsi l'ensemble du processus. Dans ce cas précis, notre attention se porte sur un champdisciplinaire particulièrement peu inexploré : les Forces armées. En ce sens, il convient de soulignerque même si la traduction et l'interprétation en contexte de guerre ont fait l'objet de nombreuses études,la plupart se focalisent sur les professionnels civils impliqués, plutôt que sur les traducteurs et lesinterprètes enrôlés dans l'armée. C'est pourquoi nous voudrions donner une certaine visibilité à ce sujet.Il n'est pas possible de détailler ici le fonctionnement professionnel et législatif qui régissent latraduction et d'interprétation au sein des armées, mais il convient de souligner qu'en Espagne,contrairement à d'autres pays tels que la Russie ou la France, il n'existe pas d'organisme militaireofficiel chargé de ce secteur. Cependant, cette absence de réglementation spécifique n'empêche pas lestroupes d'effectuer des tâches liées à ce type de services. Il s’agit d’un fait assez difficile à expliqueret qui pourrait faire l'objet de plusieurs soumissions ; en résumé, nous pouvons affirmer que les militaires concernés sont simplement des personnes ayant des compétences linguistiques et dont leurspécialisation n'est pas nécessairement liée à ces activités2. En d’autres termes, ce sont souvent dessoldats qui, bien qu'ayant une connaissance personnelle et professionnelle du domaine thématique,n'ont pas été spécifiquement formés à cette fin.Certes, les travaux de traduction, d'interprétation et de médiation sont complexes et impliquent unengagement et une responsabilité considérables, quel que soit le cadre dans lequel ils se déroulent.Toutefois, nous estimons que cet aspect se voit renforcé lorsque le traducteur est militaire puisque, entant que membre de l'armée qui doit obéir les ordres et se soumettre à la discipline et la hiérarchie, sonniveau de responsabilité, d'engagement, de prudence et de charge éthique s'accroît considérablement.Portant notre attention sur les travaux de médiation effectués lorsque les soldats espagnols sontdéployés en dehors du territoire national3, notons que les connaissances linguistiques et thématiquessont très importantes. Cependant, dans le cadre des opérations internationales, soit pendant un conflitactif, soit dans des situations de maintien de la paix ou de coopération, la composante culturelle devientessentielle. Tel que le souligne Snellman (2016), ces soldats sont plongés au moins dans trois contextesculturels différents : la culture de leur propre Nation, celle des pays où ils sont déployés et la proprede leur condition militaire. Sans pouvoir développer ici les conventions conceptuelles etclassificatoires des missions internationales menées par l’Armée espagnole4, l'expérience nous permetd'affirmer que les connaissances contextuelles des médiateurs sont primordiales, puisqu’elles sedéroulent fondamentalement sur la base du dialogue, du respect, des relations personnelles etprofessionnelles, de l'empathie, etc. De surcroit, l’ensemble d’éléments culturels impliqués (la langue,la religion, les traditions, la réalité sociale et même la propre conscience culturelle du médiateur) peutêtre à l'origine de divers conflits ce qui pourrait entrainer des conséquences néfastes. En ajoutant à celale fait que les médiateurs enrôlés dans l’Armée ne disposent pas d'une formation spécifique, qu'ils sontavant tout garants de leur statut militaire et que les répercussions d'une erreur peuvent entraîner desconséquences bien plus graves pour eux que pour une personne civile, il est possible d'affirmer queleur travail est non seulement très complexe et difficile à mettre en œuvre, mais que leur rôle demeurel'un des instruments les plus efficaces pour garantir l’accomplissement fructueux des missions. Parconséquent, nous estimons que le profil du traducteur, de l'interprète et du médiateur militairemériterait une attention particulière, ainsi qu'une recherche plus récurrente et approfondie.